Les défaillances dans le secteur du service informatique (ESN – SSII)

Le secteur a peu de barrières à la sortie du fait de son faible niveau capitalistique. Les défaillances dans ce secteur sont principalement dues à la détérioration des marges provoquée par l’augmentation des inter-contrats. Le point mort des SSII dépend surtout du niveau des frais de personnel.
Le taux de défaillance du secteur en 2007 est de 1,5% légèrement supérieur à l’ensemble des services aux entreprises qui est de 1,22 en 2007. Ceci s’explique par le fait qu’en période de crise les activités de conseil sont les plus touchées. Les petites entreprises sont les plus sensibles comme le montre le graphe suivant.

Evolution du nombre de défaillances dans le secteur 721Z (source Coface)

Paradoxalement, le score du secteur est en constante amélioration malgré une mauvaise conjoncture. Cela s’explique par le renforcement des entreprises performantes au détriment des plus faibles.

Médiane du score Score Conan-Holder NPC pour le secteur 721Z (source Diane)

Marché pertinent des services informatiques

On peut identifier au sein du marché des services informatiques, sept catégories fonctionnelles de services :

  1. Les services de gestion globale également dénommés « infogérance » ou « services de gestion de systèmes »
  2. Les services de gestion d’entreprise également dénommés « gestion de processus » ou « business process outsourcing (BPO) »,
  3. Le développement et l’intégration de logiciels,
  4. Le conseil,
  5. La maintenance de logiciels et de support logistique,
  6. La maintenance de matériels informatiques et de support logistique, et
  7. L’enseignement et la formation.

Différentes segmentations alternatives ou complémentaires ont aussi été envisagées4 selon:

  • le type de clientèle, PME / PMI ou grands comptes ;
  • les types de systèmes d’information et de communication : (i) les systèmes d’applications de gestion, qui incluent les services informatiques utilisés pour remplir une fonction horizontale au sein des entreprises ou des administrations ; (ii) les systèmes d’applications scientifiques techniques industrielles embarquées ; (iii) les systèmes d’applications génériques ; (iv) les systèmes d’infrastructures IT ; et (v) les systèmes d’infrastructures de communication et de réseaux d’entreprise ;
  • le secteur d’activité, à savoir ; (i) les communications ; (ii) l’enseignement ; (iii) l’énergie et réseaux locaux ; (iv) les services financiers ; (v) le secteur public ; (vi) la santé ; (vii) l’industrie ; (viii) le commerce et la distribution ; (ix) les services ; et (x) le transport.

Les marchés des services informatiques sont de dimension nationale, notamment en raison de la nécessité pour les prestataires de ces services de communiquer régulièrement dans la langue de leurs clients et de maintenir une relative proximité avec ces derniers.

Comparaison des principales SSII françaises par CA et marge opérationnelle

Comparaison des performances des sociétés : Cap Gemini, Atos, Steria, Altran, Sopra, Alten, Gfi.

Le graphe performance/chiffre d’affaires permet une analyse globale et rapide des performances des entreprises au regard de leurs tailles. C’est un outil de diagnostic qui a un pouvoir explicatif sur les performances des entreprises du secteur (le niveau de la rentabilité) par rapport à l’intensité de la concurrence résultant du degré de concentration des structures (part du CA des premières entreprises sur le total du secteur).

Ce graphe permet de comparer d’année en année l’évolution des performances des principales SSII. Si le secteur est concentré, on peut s’attendre à ce que les grosses entreprises utilisent leur pouvoir de marché et donc obtiennent de bonnes performances (Attention toutefois, la concentration, seule, n’est qu’un piètre indicateur de la pression concurrentielle).
Comparaison des SSII

La rentabilité des ESN (sociétés de service en informatique – SSII)

Pour plus de détails : Outil de comparaison graphique des SSII

Le taux de marge brute du secteur varie entre 1% et 10% alors que la moyenne de l’ensemble des services aux entreprises est de 11% en 2007. Ce faible taux de marge brute s’explique par le niveau très élevé des charges salariales et le faible niveau d’automatisation.



Il s’agit d’un secteur qui souffre de la « maladie des coûts » dans la mesure où la productivité n’augmente pas plus vite que les coûts salariaux.
Les grandes entreprises ont maintenu et amélioré leur marge grâce à leur pouvoir de négociation avec les clients et les fournisseurs. Les TPE, grâce à leur stratégie d’expertise, conservent de bonnes marges comparables aux grandes entreprises.
La rentabilité des PME est moins bonne. Cela s’explique par un positionnement intermédiaire entre l’expertise et la proposition d’une offre large de compétences, parfois difficile à valoriser notamment en période de retournement de conjoncture, qui peut les contraindre à un rôle de sous-traitant subissant une pression tarifaire des donneurs d’ordre.
La rentabilité financière de l’ensemble du secteur est très volatile sous l’effet de la conjoncture comme le montre la figure suivante. En effet, les capitaux investis dans les SSII sont faibles et les charges salariales qui sont des coûts fixes sont élevées. Le taux se situe autour de 15% et se situe au dessus de l’ensemble des activités de services aux entreprises (+ 5points).

La concentration dans le secteur du service informatique

Le secteur est marqué par une concentration accentuée entre 1996 et 2007. Sur ce marché très atomisé en termes d’acteurs, la part des 10 premières entreprises, en 2007, atteignait 34% et la part des 50 premières entreprises représentait alors plus de la moitié.

Le secteur est constitué d’entreprises plutôt faiblement capitalisées dans la mesure où il n’y a pas de transformation de matières premières ou bien intermédiaires. L’activité repose sur du travail intellectuel. Le ratio de frais de personnel rapporté à la valeur ajoutée est de 81% en 2005 selon les chiffres collectés par l’INSEE.

Les entreprises de services vont se différencier par le niveau de savoir faire de leurs employés. Elles doivent avoir la capacité de recruter et de conserver du personnel qualifié.

Le caractère cumulatif de l’expérience acquise dans ce secteur peut constituer une barrière à l’entrée, et éclaire sur la concentration progressive de grands groupes pour « accumuler le capital humain ».

L’analyse économique de la prestation de conseil informatique est proche d’un bien d’expérience. La qualité du service rendu ne peut être évaluée qu’après avoir été fourni (malgré sa consommation son évaluation peut s’avérer néanmoins difficile). La notoriété et les références sont des freins à l’entrée pour de nouveaux acteurs.

Le développement de ce secteur se traduit par une bipolarisation des acteurs avec d’un côté des micro-entreprises, et de l’autre des grands groupes. Leur complémentarité est grandissante. La petite structure apporte de l’expertise et de la flexibilité. A l’inverse, les grosses structures sont mieux placées pour gérer des projets informatiques d’envergure impliquant une large gamme de compétences.

Les modèles économiques des ESN (SSII)

ESNUne société de service informatique tire des prestations intellectuelles effectuées par ses employés l’essentiel de la valeur qu’elle apporte à ses clients.L’offre de conseil et ingénierie informatique se divise en 3 parties : d’abord l’audit sur les configurations existantes, suivi d’un diagnostic et enfin la mise en place de la solution aux besoins du client.

Le modèle de revenu repose sur des contrats de vente de services. Généralement, il s’agit d’un contrat de louage qui consiste à exécuter une prestation au profit d’un donneur d’ordre. Les services sont délivrés au moyen de deux modalités :

  • la régie : le salarié de la SSII est intégré à un service de l’entreprise cliente, et travaille sous l’autorité directe de cette dernière qui est maître d’oeuvre. La société de services informatiques a alors une obligation de moyens.
  • Le forfait : la société de service informatique est maître d’oeuvre et doit réaliser le projet selon un cahier des charges, un budget et un calendrier. Elle a alors une obligation de résultats. Ces prestations sont plus onéreuses et plus risquées en cas de mauvaise estimation des ressources nécessaires pour la réalisation du projet. Plus la taille de la société informatique est grande, mieux elle peut mutualiser ces risques

Les SSII cherchent à promouvoir la valeur-client par l’instauration d’un partenariat de long terme avec le client sur l’ensemble de ses choix informatiques. La gamme des services offerts tend à s’élargir avec une forte incitation des clients à une obligation de résultat. Ce phénomène est lié au développement de services davantage intégrés, englobant la globalité d’un projet informatique. Il est notamment le fait des « grands comptes » à l’exception des grandes banques. Un interlocuteur unique facilite le pilotage de leur prestataire.

La création de valeur est obtenue grâce à la mobilisation de ressources humaines en interne ou en externe par la sous-traitance, et à l’entretien des compétences. Cela passe par le renforcement avec des experts, le partage de la connaissance et les politiques de partenariat ; soit avec des éditeurs de logiciel, soit avec d’autres SSII pour pallier une carence technique. Les effets d’expérience jouent un rôle capital dans la création de valeur.La maximisation des recettes est obtenue par :

  • Des compétences ou expertises métiers très pointues dans la partie « haute » des projets informatiques des clients qui sont plus mieux valorisées et donc plus chères
  • Le verrouillage des clients avec la mise en place de relation à long terme sur la gestion de l’ensemble de la chaine d’un projet informatique.
  • Une couverture géographique et sectorielle la plus large possible.

Les sociétés de conseil informatique optimisent les coûts en agissant sur la masse salariale. Généralement, elles privilégient l’embauche de personnes sans expérience professionnelle en informatique.

Elles font face à des inter-contrats de leurs salariés et doivent faire en sorte d’en diminuer la durée. Elles ont industrialisé la gestion des CV et proposent des formations pendant ces périodes d’inactivité de leurs salariés.

Le niveau de qualité des prestations et leur productivité sont assurés par l’association avec des experts et de salariés plus expérimentés, ainsi qu’une mise en concurrence interne forte.

La mutualisation des moyens, la standardisation des offres et l’homogénéisation des outils permettent de maîtriser les marges.